La semaine a été bien agitée en Guinée. Tout laissait croire qu’il y avait un brin d’agacement du palais Mohamed V contre la gouvernance avec laquelle il a désormais, de toute vraisemblance, du mal à s’accommoder.
En attestent, la punition collective des DAF à travers une réquisition controversée prise par le procureur spécial près la CRIEF et les rumeurs de retrait officiel des documents de voyages de certains agents haut placés de l’administration.
Les différentes récriminations du Président du CNRD ainsi que ses frustrations constamment exprimées, pour dénoncer la non-exécution de ses décisions annoncées en conseils des ministres qu’il préside, justifient cet environnement atrabilaire que le pays a connu pendant cette période.
Le communiqué du Premier Ministre à travers lequel il a demandé aux membres du Gouvernement et à des cadres d’une certaine catégorie de l’administration, de lui déposer leurs documents de voyage, a fini par mettre fin aux rumeurs. C’est vrai qu’il a aussi rendu officiel ce que tout le monde savait déjà. Ce qui se racontait avec enthousiasme dans les milieux populaires qui ne jurent que par la déchéance de ces chefs, à qui, ils reprochent de s’être trop vite embourgeoisés.
C’est d’ailleurs tout le succès de la décision, cette croyance populaire qui se convainc qu’on en a fini avec le laisser-aller.
Et pourtant, la réalité est qu’on n’a point besoin de prendre une telle décision pour moraliser les déplacements des cadres. Car, ceux qui ont le privilège d’avoir ces précieux documents de voyage ne peuvent se déplacer sans l’ordre de mission qui est délivré par le secrétariat général de la présidence.
Pour revenir à ce communiqué du PM, il faut être d’accord qu’il a ramené la sérénité au sein d’une équipe gouvernementale qui était convaincue qu’elle n’allait pas survivre à la colère du Chef de l’Etat. Quelle s’en irait cette fois-ci. C’était un leurre !
Le projet, s’il a existé, est probablement remis à une autre fois. Et pourtant, c’est nécessaire. Il faut de nouvelles têtes, de nouveaux visages au sein du gouvernement. Cela devrait insuffler une nouvelle dynamique et redonner de l’espoir à une opinion, sous tous les cieux, qui croit naïvement que son salut vient du changement des ministres.
Continuer à pérorer et à rêver. Ainsi peut-on expliquer l’attitude du palais qui n’a pas l’air de se chercher de nouveaux collaborateurs.
L’étrange sentiment qui nous étreint à la fin de cet épisode, c’est une forme d’inquiétude, face à un Président qui ne comprend plus son pays. Un président qui a des doutes évidents sur la qualité de certains de ses collaborateurs et qui a aussi bien conscience qu’il s’est formé au sein du gouvernement et dans l’administration une galaxie d’autoentrepreneurs, pour lesquels, le destin personnel semble valoir tout et le sens du bien commun rien.
La question est de savoir comment combattre le mal afin de pouvoir y remédier. Mais quand le remède est dicté par des démagogues, il est difficile d’espérer, en témoigne le jugement de Charles Péguy qui affirme que : «le triomphe des démagogues est passager, mais leurs ruines sont éternelles». A bon entendeur salut !
In DjomaMedia
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