Dans son rôle régalien de contrôle de l’action gouvernementale, le Conseil national de la transition poursuit l’examen en plénière du projet de budget du Gouvernement pour l’exercice 2023. Ce jeudi 22 décembre 2022, les Ministres de la Sécurité et de la protection civile, de l’Agriculture et de l’élevage, de l’Economie et des finances et celui du Budget se sont succédés à la tribune du CNT pour présenter aux membres de l’organe législatif de la Transition, les politiques sectorielles de leurs départements respectifs.
C’est le Ministre de la Sécurité et de la protection civile qui a ouvert le bal. Il a entamé sa présentation par précisé que le budget de son département en 2022 était de 1 077 milliards 052 millions 730 mille 865 francs guinéens. Il dira que ce budget est revu à la baisse et se chiffre pour 2023 à 637 milliards 854 millions 959 mille 539 francs guinéens soit une diminution de 40,78%.
Au titre des acquis de son département, le Général à la retraite M. Bachir Diallo a décliné entre autres :
– Le rétablissement et le maintien de l’ordre public ;
– 420 dossiers traités par la division criminelle ;
– Plus de 600 opérations de maintien d’ordre ;
– La saisie d’armes de guerre, de motos et véhicules et des centaines de kilogrammes de chanvre indien ;
– 60 commissaires et inspecteurs de police formés à l’institut royal de police du Maroc ;
– 249 personnes déférées pour viol, 65 cas d’enlèvement d’enfants, 37 mariages précoces et forcés.
Pour l’année 2023, le ministère de la Sécurité et de la protection civile envisage :
– La vulgarisation des services spéciaux de la police nationale et de la protection civile ;
– La protection de l’environnement ;
– La création de nouvelles structures ;
– Le recrutement de nouveaux agents ;
– La lutte contre la criminalité ;
– La construction et l’équipement de 5 CMIS et commissariats centraux de police à Conakry et à l’intérieur du pays ;
– La construction et l’équipement de 8 commissariats spéciaux ;
– La construction d’un centre de perfectionnement dans la commune de Matoto.
A la suite de cette communication, les Conseillers nationaux ont fait des observations et formulé des recommandations pour l’amélioration du cadre sécuritaire en République de Guinée. Il s’agit notamment de la lutte contre la grande criminalité intérieure caractérisée par le trafic de drogue, les attaques armées, les viols, le cambriolage etc.
Dans un accoutrement de patriote paysan, le Ministre de l’Agriculture et de l’élevage a présenté et défendu la politique sectorielle de son département. Mamadou Nagnalen Barry a déclaré que les secteurs de l’agriculture et de l’élevage figurent parmi les grands chantiers de la refondation de l’Etat. Il est question pour les autorités de la Transition de valoriser le potentiel de terres cultivables estimé à 13, 7 millions d’hectares et de redynamiser le secteur de l’élevage.
Au nombre des acquis de l’année dernière, le Ministre a cité entre autres :
– L’achat des tracteurs et moissonneuses batteuses ;
– Le lancement de l’initiative 50 hectares par Ministre ;
– La digitalisation des services du département ;
– La création d’un fond destiné au développement agricole. Des réformes qui ont permis d’enregistrer une baisse du niveau d’importations des denrées céréalières ;
– Le suivi en temps réel de la mobilité des tracteurs dans les différentes zones agricoles sur l’ensemble du territoire national à travers un système de géolocalisation.
Sur les projections de 2023, le Ministre Mamadou Nagnalen Barry prévoit entre autres les activités suivantes :
– L’achèvement des travaux de l’abattoir moderne de Kagbelen ;
– La mise en valeurs des plaines agricoles de Koundian ;
– L’intensification des productions agricoles par la mise à disposition des agriculteurs, des intrants de qualités (semences, engrais, produits phytosanitaires) : 1050 tonnes de semences de riz, 325 tonnes de semences de maïs, 10 millions de semenceaux d’ignames, 5 millions de rejet d’ananas, 25 mille litres d’engrais foliaires et cristaux ;
– La poursuite de la mécanisation des productions agricoles pour réduire la pénibilité du travail, moderniser l’agriculture et étendre les surfaces cultivées : acquisition de 100 tracteurs et accessoires, 60 moissonneuses et batteuses et 30 motofaucheuses ;
– La poursuite de l’amélioration des productions agricoles et la santé animale par la fourniture de nouvelles races animales pour réduire le déficit en protéine et préserver la santé humaine : peuplement des cheptels d’élevage à travers l’introduction de races améliorées (750 têtes de races bovines, 200 têtes de races caprines, 200 têtes de races porcines…).
Pour atteindre cet objectif, le Ministre de l’Agriculture et de l’élevage annonce un budget 2023 qui s’élève à 803 milliards 498 millions 438 mille francs guinéens. Ce qui représente une augmentation de 22% par rapport à l’année 2022.
Les questions et observations des honorables Conseillers nationaux ont porté entre autres, sur l’amélioration des techniques agricoles, l’autosuffisance alimentaire, la grippe aviaire survenue dans quelques préfectures de la Basse Cote, le financement des initiatives privées dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage, la fourniture des intrants aux acteurs du secteur, la mise en place du nouveau bureau de la Chambre d’agriculture, les licenciements au sein du ministère etc.
Au cours de la même plénière, les Ministres du Budget, de l’Economie et des finances ont fait des communications sur la conception et la clé de répartition du budget dans les départements sectoriels et les autres structures de l’Etat.
S’exprimant sur l’étape relative à la conception du budget de l’Etat, le Ministre du budget Lanciné Condé dira qu’en amont, les départements ministériels établissent leurs plans d’actions chiffrés qu’ils renseignent à travers une plateforme de centralisation. Son département à travers la lettre de cadrage informe les ministères du seuil et les priorités des autorités.
S’agissant de l’arbitrage, M. CONDE a précisé que la ventilation des crédits se fait en fonction des priorités définient au sommet de l’Etat.
Pour sa part, le Ministre de l’Economie et des finances M. Moussa CISSE a souligné que malgré la persistance des chocs endogènes et exogènes, l’économie guinéenne est restée résiliente. Ceci, grâce à la rigueur instaurée par les autorités de la Transition pour moraliser la gestion des finances publiques sous le sceau de la refondation et de la rectification.
Pour 2023, le Ministre de l’Economie et des finances se veut rassurant et optimiste. Un optimisme qui découle de l’embellie de l’économie nationale durant l’année écoulée. Avant d’insister sur la poursuite des profondes réformes engagées par la Transition pour qualifier les dépenses publiques. Car, aujourd’hui, la qualité de la dépense et ses incidences dans l’amélioration des conditions de vie des Guinéens, sont déterminantes dans la prise de décision. Parlant de la question de la soutenabilité de la dette, M. Moussa CISSE a indiqué que le Gouvernement s’est imposé une rigueur dans le cadre de l’endettement. Aujourd’hui, les données indiquent une dette de sept (7) milliards de dollars, soit 4 milliards de dollars pour la dette extérieure et 3 milliards de dollars pour la dette intérieure.
De nombreuses questions pertinentes furent posées par les Conseillers nationaux. Celles-ci abordent entre autres :
– Les goulots d’étranglement rédhibitoires à l’augmentation des recettes de l’Etat ;
– L’insuffisance de détails sur le FINEX dans le Bottin ;
– la difficulté de collaboration entre les comptables et les contrôleurs financiers ;
– La sincérité des transferts de l’ANIES ;
– La diminution de l’allocation budgétaire du Secrétariat général des affaires religieuses ;
– Le processus de l’arbitrage avec les départements ministériels ;
– Les difficultés liées au dédouanement à l’aéroport ;
– La faiblesse du Budget de l’Etat ;
– Le manque d’accompagnement des PME ;
– Le retard lié à l’opérationnalisation du 4e projet eau ;
– Le cout du panier de la ménagère malgré la montée en valeur de la monnaie guinéenne ;
– Le non-respect de la loi sur les assurances ;
– L’inscription du terme « ECOMOG » dans le bottin ;
– La difficulté de créer des champions locaux ;
– L’acquisition par la Guinée d’un avion.
La question sur l’acquisition de l’avion présidentiel de type Embraer, ERJ-145 d’une capacité de 20 places, stationnant sur le tarmac de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry, a été répondu par le Ministre du Budget. Il a soutenu que cet appareil est une mise à disposition pure et simple. Ce n’est ni un prêt, ni un don, ni un achat.
Les autres questions ont tourné autour de la lutte contre le détournement et la gabegie financière, le sous financement de certains secteurs essentiels de la vie nationale, la disparité dans les allocations budgétaires destinées aux départements.
La plénière s’est déroulée sous la conduite majestueuse du « bien aimé » (comme ses collègues Conseillers nationaux ont pris l’habitude de l’appeler) Dr Dansa KOUROUMA.
La Cellule de communication du CNT.
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