Militaires ivoiriens détenus au Mali: nouveau tournant dans la crise entre Bamako et Abidjan

FILE PHOTO: Soldiers from Burkina Faso patrol on the road of Gorgadji in the Sahel area, Burkina Faso March 3, 2019. Picture taken March 3, 2019. REUTERS/Luc Gnago/File Photo/File Photo

Les deux pays ont franchi une nouvelle étape, ce week-end, dans le bras de fer qui les oppose depuis le 10 juillet. Le président malien de transition, le colonel Assimi Goïta, a déclaré vendredi soir que les 46 militaires ivoiriens toujours détenus à Bamako ne seraient pas libérés tant qu’Abidjan ne livrerait pas les personnalités politiques maliennes en exil en Côte d’ivoire. Abidjan n’a pas réagi officiellement mais un haut responsable proche de la présidence ivoirienne a parlé à RFI de «prise d’otage». Comment comprendre ce nouveau tournant et les nouvelles interrogations qu’il suscite?

Ils ne cachent pas leur perplexité. Plusieurs sources proches des discussions affirment à RFI que le président malien de transition, le colonel Assimi Goïta, avait récemment accepté de ne plus exiger l’extradition des politiques maliens présents en Côte d’ivoire, en échange de la libération des soldats ivoiriens détenus au Mali.

« Assimi Goita était sincère, assure l’une de ces sources, qui n’appartient ni à la partie malienne ni à la partie ivoirienne, mais il n’est pas seul à choisir. » Selon cette source, des proches du président malien – on ne saura pas qui précisément – viseraient le président ivoirien Alassane Ouattara : « ils sont convaincus qu’il fait le jeu de Paris, qui veut leur perte. » Reste qu’en assumant publiquement, pour la première fois, cette exigence, le président malien semble la rendre irrévocable.

Cette volte-face était-elle préméditée ? Quel est l’objectif recherché ? Audacieux coup de poker pour obtenir cette extradition, ou volonté d’allumer la mèche avec Abidjan ? Plusieurs interlocuteurs avertis rappellent la « stratégie habituelle » des autorités de transition : exalter l’orgueil national et focaliser l’attention sur un dossier pour s’occuper plus tranquillement des autres.

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Reste que le jeu est risqué, pour les Maliens de Côte d’ivoire – ils sont trois millions – et pour l’économie malienne très liée au voisin ivoirien, avec des échanges de marchandises et électricité notamment. Les interlocuteurs joints par RFI ne croient pas à une escalade guerrière, mais tous se demandent jusqu’où ira le conflit.

« Une œuvre de paix n’est jamais facile, conclut une dernière source impliquée dans les médiations en cours, mais rien n’est impossible, nous y arriverons. » Le Togo, les Nations unies, la Cédéao et l’Union africaine sont impliqués dans les tentatives de médiation en cours pour trouver une issue pacifique à cette crise.

Selon les informations de RFI, un Conseil national de sécurité devrait se tenir en début de semaine à Abidjan.  Sollicitée par RFI, la présidence malienne n’a, de son côté, pas donné suite.

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Dans le contexte actuel, je vois très mal la Côte d’Ivoire livrer des « opposants » aux autorités de transition au Mali. Ce serait un précédent. Et deuxièmement, je pense que la Côte d’Ivoire ne voudrait pas donner l’image d’un pays qui cède à des chantages.

RFI

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