Dr Dansa Kourouma :« Nous mènerons des réformes qui puissent résister aux temps, mais aussi à la tentation des hommes »

Docteur en Médecine, avec un CES en Expertise Médicale, et une License en Gestion des projets et Planification, Dr Dansa KOUROUMA est un leader qui a gravi tous les échelons dans le cadre de la gestion des Organisations de la Société Civile. Il est marié et père de quatre enfants. A 36 ans, il a été le plus jeune Président de la Société Civile ouest africaine.

Nommé le samedi 22 janvier 2022 à la tête de l’organe législatif de la transition, Dr Dansa Kourouma était jusque-là, le Président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG), la plus grande plateforme de la Société Civile de son pays. Dans cet entretien qu’il nous a accordé dans son bureau du Palais du Peuple, siège du Conseil National de la Transition, Dr Dansa Kourouma réitère son engagement à servir la Guinée, avec la foi du charbonnier, tout en levant un coin du voile sur les chantiers qui attendent l’Institution dont il a la charge de diriger pendant cette phase importante de l’histoire de la Guinée.

GOUVERNANCE INSTITUTIONNELLE

DCI Monsieur le Président, votre institution vient de voter à la majorité des conseillers la durée de la transition pour 36 mois au lieu de 39 mois initialement proposée, quelles sont les motivations de ce vote? Ce vote est-il conforme à l’article 77 de la charte de la transition ?

Dr Dansa Kourouma: D’abord je précise que les missions du CNT ne sont pas définies par l’article 77. Et l’article 57 et suivants, jusqu’à l’article 81 et 82 parlent des prérogatives du CNT. Donc ce n’est pas l’article 77 qui définit les prérogatives de CNT par rapport à la transition. Ce qui est important pour nous, nous avons été saisis par le Gouvernement sur un projet de chronogramme avec exposé de motifs, nous avons examiné en bureau exécutif, nous avons trouvé que la saisine était recevable. Nous avons organisé la conférence des présidents et le texte a été programmé pour examen, lors d’une plénière extraordinaire et nous avons opté conformément aux dispositions du règlement intérieur en son article 60 et notamment le point B sur la résolution, qui est un avis que l’organe législatif donne, par rapport à une question qui n’est pas du domaine législatif. C’est un chronogramme. Un chronogramme en ce que je sache n’est pas une loi, c’est une proposition d’activités. Et le CNT a opté pour la résolution pour donner son avis. Et sur les 39 mois après débat en commission, on s’est rendu compte qu’il fallait aussi satisfaire la demande des autres composantes de la vie sociopolitique. Et nous avons jugé nécessaire de réduire sur 36.

Et avec pour motivation essentielle que la transition doit avoir une durée raisonnable. Et on l’a découpé en trois phases sur chrono gramme. La première phase devrait représen ter l’organisation des différents recensements, dont le recensement général, le recensement administratif à caractère d’état civil et l’établissement du fichier électoral, comme la durée incompressible la plus longue est de 24 mois. Pour le recensement général de la population, on a estimé qu’on devait bloquer les 24 mois comme durée maximale de tous les recensements et que ces recensements devraient se faire concomitamment pour éviter l’étalage du temps. Nous avons opté comme deuxième phase de ce chronogramme, l’élaboration de la nouvelle constitution et son adoption par référendum; et l’élaboration de toutes les lois organiques. Mais l’élaboration de la constitution se fera concomitamment avec les 24 mois de recensement. Ensuite, une fois que la constitution est rédigée ainsi que les lois organiques elle sera soumise au référendum une fois que le fichier électoral sera établi après les 24 mois. Donc nous avons été très rationnels et très objectifs par rapport à la définition du temps. Et nous avons estimé qu’une fois que toutes les lois sont élaborées, pendant une année, c’est-à-dire en 12 mois, toutes les élections peuvent être organisées. Des élections locales jusqu’aux élections présidentielles. C’est cela la motivation par rapport aux 36 mois. Le travail n’a pas été fait du tout par hasard. Nous avons pris la responsabilité de discuter tous les délais. Faire intervenir le Ministre de l’Administration du Territoire qui a reçu nos questions. Nous avons consulté les experts aussi dans le domaine du recensement, pour avoir une idée, pour asseoir notre conviction sur les tenants et les aboutissants de chaque délai qui sera choisi. Donc en résumé, il y a des délais qui sont incompressibles, il y a des délais qui sont compressibles. Mais les délais incompressibles c’est le recensement. Parce que le recense ment a été facteur de conflit récurrent dans le processus électoral dans notre. Il faut prendre le temps pour régler cette question, avant de passer aux autres étapes du processus. Ce n’est pas le CNT qui a fait le chronogramme. J’entends les gens dire partout le CNT a fait un chronogramme non Nous avons reçu un projet de chronogramme, qui a été rédigé entre le Ministre de l’Administration du Territoire et les composantes des forces vives de la Nation à travers le décret qui a convoqué les concertations. Nous avons reçu un document qui n’est pas notre document, qu’on a étudié en âme et conscience. Et l’assemblée s’est prononcée sur ce document, en tenant compte d’un certain nombre d’argumentaires, qui sont à la fois évoqués par le Ministre mais qui sont aussi évoqués par les conseillers nationaux. C’est un vote à la majorité des quatre cinquième, c’est-à-dire les 94,80 % de conseillers nationaux se sont prononcés en faveur de ce chronogramme de 36 mois.

Depuis le 05 septembre 2021, la Guinée vit une nouvelle ère de son histoire. Quelle analyse faites-vous de ce changement de régime ?

D’abord je précise que le 5 septembre a apporté de la lumière aux peuples. Parce qu’en réalité tout le monde se posait la question, après l’adoption de la constitution dans les conditions que nous savons, après le 3ème mandat du régime passé, tous les Guinéens s’interrogeaient sur comment le pays sera après ces différents coups de force qui ont causé beaucoup de pertes en vies humaines. Finalement le peuple était dans un état de résignation totale. Il a fallu le 5 septembre pour que nous nous réveillions, pour dire enfin que le régime était fini. Et alors ceux qui ont eu le courage d’accomplir ce destin ont été applaudis par tous les Guinéens et comme en témoignent les scènes de liesse populaire que nous avons connues dans le pays et même à l’extérieur.

Il faut rapidement passer de cette période d’euphorie à une période de construction concrète. Parce qu’en réalité, c’est ce qui a justifié le 5 septembre. Nous devons prendre des mesures pour ne pas qu’il y ait possibilité de répéter l’histoire. C’est-à-dire, une constitution qui n’a pas été consensuelle et dont certains éléments ont été modifiés après le référendum. Et la constitution qui ne prévoit que deux mandats non renouvelables. Et que cette disposition ne saurait être changée. Tous ces verrous ont été levés. Donc l’avènement du 5 septembre doit contribuer à mettre en place les gardes- fous, pour que ces genres d’événements ne se reproduisent plus dans notre pays. Donc en plus de l’euphorie, il faut mettre en place des mécanismes qu’il faut, pour ne pas qu’il y ait une autre transition dans le pays. Et ceux-ci doivent passer essentielle équitable, transparent et inclusif.

Comment avez-vous accueilli cette confiance que le Président de la Transition a placée en votre personne ?

D’abord en tant que croyant et un homme de conviction, c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai accueilli le choix du Président. D’ailleurs, quelqu’un que je n’ai pas eu l’occasion de connaître avant le 5 septembre, mais avant ma nomination, une relation de confiance s’est établie entre nous. Et quand on a décidé de nous associer pour donner à cette transition un contenu qui permet de répondre aux problèmes et aux différentes aspirations du peuple de Guinée. Et cette confiance je la prends très au sérieux. C’est pourquoi, tous les membres du CNT ont prêté serment de respecter les dispositions de la Charte et de veiller à ce que toutes les actions prises pendant cette transition dans l’exercice de notre mandat soient conformes aux aspirations légitimes du peuple de Guinée. Alors, cet engagement n’est pas une nouveauté pour moi parce que j’ai milité pendant une vingtaine d’années au sein de la société civile, là où j’ai appris à prioriser l’intérêt général au détriment de mes intérêts personnels. D’ailleurs chose que je ne retrouve pas dans la conduite de la plupart des guinéens. Car dans ce dernier, chacun trouve sa part éternellement, c’est pourquoi le Président et moi, avons une vision commune. Une société qui doit être bâtie autour d’une référentielle fondamentale que toute les populations doivent respecter. Et celles-ci doivent placer le pays au-dessus de nos considérations personnelles. Nous avons les mêmes préoccupations, les mêmes visions par rapport à la nécessité de construire une seule société en dehors des clivages ethniques, des clivages identitaires. Mais aussi des querelles générationnelles. Nous devons mettre en place des règles identiques pour construire un pays autour des fondamentaux qui nous rassemblent. Des fondamentaux qui soient en conformité avec les meilleures pratiques démocratiques possibles. Donc, je pense que je suis un peu à l’aise à travailler avec un homme qui a une vision Républicaine, très intègre. À travailler avec un homme qui est prêt à donner sa vie pour le pays.

Il est vrai que vous avez de l’expérience en termes de gestion de la société civile, comment comptez-vous relever ce nouveau Challenge à savoir diriger l’organe législatif de la Transition ?

Je suis un homme qui tient au respect de la parole donnée. Je ferai de telle sorte que la confiance qu’il a placée en moi et à travers lui tout le peuple de Guinée, pour que pendant cette transition, des actions concrètes soient posées, à travers les réformes impartiales, des réformes neutres. Mais des réformes qui puissent résister aux temps, mais aussi à la tentation des hommes. C’est une vision commune, qui sera mise en œuvre dans le strict respect de l’intérêt du peuple de Guinée. Et au-delà de la confiance du Président, j’ai aussi la confiance du peuple de Guinée que je dois manager avec beaucoup d’intelligence. Parce qu’après cette transition, nous avons une vie devant nous. Nous devons faire de telle sorte que nous ne baissions pas la tête devant le peuple de Guinée.

Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour établir un climat de confiance entre le CNT et la classe politique ?

D’abord il faut avoir la foi, les capacités personnelles, mais aussi être capable de construire une vision commune sur la base des divergences affichées çà et là. Pour moi, il est fondamental d’être à l’écoute. C’est pourquoi le CNT avant d’entrer en fonction est partie écouter la population guinéenne, pour inscrire leurs priorités afin qu’on puisse prendre en compte dans toutes les activités que nous allons mener au sein de cette institution, la demande et les aspirations de la population. Pour moi, la capacité d’écoute et l’ouverture d’esprit à construire avec tout le monde, à tenir compte des préoccupations de chaque entité est la meilleure voie pour réussir cette transition. Cela permettra d’être dans une disposition de loyauté face à la République. Pour moi, ce sont des valeurs qui peuvent aider n’importe quelle personne placée dans les mêmes conditions que moi pour réussir sa mission. Je ne crois pas à l’idée d’un homme providentiel. Mais j’ai une équipe de 80 autres conseillers qui sont choisis sur la base de compétences techniques et de valeurs morales. Je crois qu’il y a quelque chose que j’ai acquis à la société civile, c’est l’équidistance des différentes composantes de la vie sociopolitique nationale. Mais c’est la neutralité, l’impartialité dans la prise de décision. Je pense que ce sont des atouts que n’importe quelle personne ne disposera pas dans les conditions actuelles. Si je dois réussir cette mission, c’est avec tous les conseillers nationaux. Et c’est avec toutes les composantes de la vie nationale. Je suis un homme neutre, qui a appris à être neutre et impartial depuis une trentaine d’années. Je pense que c’est un atout que je compte mettre à profit. Mais aussi une question d’expérience dans la conduite de l’action publique, qu’on n’apprend pas dans les universités, qu’on n’apprend pas dans les amphis. C’est de la pratique, la capacité de construire avec nos concitoyens. De les aider à identifier leurs aspirations et les mettre en œuvre. Pour moi, cela est une expérience qui pas n’est donnée qu’aux hommes qui acceptent de commencer au bas de l’échelle et de progresser progressivement. Et une très bonne connaissance de la société ouest africaine. Je vous rappelle que ma dernière fonction est le Président de la société civile Ouest africaine.

A ce titre, j’ai une connaissance de l’évolution démocratique dans la sous-région, mais aussi dans les institutions des pays francophones, anglophones et lusophones. Ce sont des atouts qui nous permettent de faire les meilleurs choix politique possible et les implémenter dans l’exercice de construction des institutions fortes pour notre pays. J’ai ma vision de ces institutions. Je crois que la vision des autres guinéens doit être prise en compte dans ce travail.

Certains observateurs pensent que l’actuel CNT de par sa composition ressemble à une caisse de résonance à la solde de la junte, comment réagissez-vous à ces propos dignes de vos détracteurs? Le CNT est composé d’acteurs majoritairement de la société civile. Ça veut dire quoi ? Quelle est la caractéristique fondamentale d’un acteur de la société civile? C’est sa neutralité; c’est son impartialité; c’est sa capacité à défendre l’intérêt général. Pour moi la composition du CNT fait de lui un acteur qui peut être impartial et indépendant. La deuxième chose, le comportement du CNRD face aux acteurs de la transition met un accent particulier sur leur indépendance et leur impartialité. Vous voyez, le Président de la République ne fait injonction à aucune institution de la transition. Il ne se déplace même pas pour venir nous voir, ni nous convoquer. Il nous laisse travailler avec pour seul référentiel, le serment qu’on a prêté sur le coran, sur le livre de sa croyance, et notre volonté à mettre au-dessus de l’intérêt général de la Guinée. Je pense que quand nous prenons les 81 membres du CNT, il y a moins de partis politiques. D’ailleurs s’il y a moins de partis politiques cela veut dire, il y a moins d’intérêt partisans, il y a moins d’intérêt politiciens. Les actes qu’on posera, ce n’est pas pour faire plaisir à un parti politique, ni faire plaisir à une communauté, ni à un individu. Mais nous allons faire de telle sorte que nos actions soient conformes aux règles morales les plus élevées. Nous allons faire de telle sorte que nos décisions nous permettent demain de lever la tête et de marcher dans ce pays. En regardant chaque compétiteur dans les yeux en jouant le rôle d’un vrai arbitre. Donc je suis intraitable sur la question de notre équidistance. Et d’ailleurs pour vous dire que le CNT tient à son indépendance, nous avons mis dans le règlement intérieur qu’aucun membre ne doit exercer des activités partisanes. Cela, je pense que c’est le sens de l’impartialité.

On prête déjà au CNT des intentions allant dans le sens de l’élimination de certains leaders dans la course aux consultations électorales avec la stratégie de limitation d’âge, qu’est-ce que vous en dites?

Je ne peux pas vous dire à quoi ressemblerait la nouvelle constitution. Sinon c’est mettre les charrues avant les bœufs. Mais ce qui est important, l’exclusion ne peut pas faire partie de notre agenda. Parce que c’est l’exclusion qui a amené les crises qui ont prévalu à la prise du pouvoir le 5 septembre 2021. Il faut rester impartial. Quand je parle d’impartialité, je parle de neutralité. Et cela sous-entend que l’une des valeurs essentielles du CNRD, c’est le Rassemblement. Alors le Comité National du Rassemblement pour le Développement, cela veut dire quoi? Rassemblement, cela veut dire mettre tous les guinéens aux mêmes pieds d’égalité, regrouper toutes les énergies possibles pour tirer le pays vers le développe ment. Donc je ne crois pas qu’on inscrit comme valeur le rassemblement dans le CNRD et on se fixe pour objectif de sélectionner. La sélection sera faite par le Peuple de Guinée, sur la base des règles qui seront voulues par le Peuple de Guinée. Et ces règles là quand nous allons les proposer, elles seront soumises à l’appréciation des guinéens. D’abord sous forme de débat qu’on tiendra dans tout le pays. Parce que quand on a été aux concertations, les guinéens nous ont dit quand vous allez proposer l’avant-projet de la constitution, venez nous la montrer pour qu’on puisse savoir si nos préoccupations sont dedans, avant de la soumettre au référendum. Donc quand nous allons élaborer l’avant-projet de la constitution, nous allons organiser des consultations dans tout le pays, même dans les villages de la Guinée, pour montrer aux populations, les choix institutionnels que nous allons opérer en leurs noms. Une fois que le texte est soumis au référendum et adapté, ce ne sera plus la constitution du CNT, mais celle du Peuple de Guinée. Et ce sont les règles qui sont établies dans cette constitution qui deviendront des règles pour le choix des futurs dirigeants de notre pays. Je précise que le CNT, le CNRD n’ont pas de candidats et n’auront pas de candidats. Parce que le président lui-même, n’est pas candidat et aucun acteur de la transition ne sera candidat. Cette mentalité nous donne la lucidité de faire les meilleurs choix possibles pour le pays, pour sa stabilité et sa résistance face aux différents conflits politiques qui l’ont empêché d’atteindre ses objectifs en matière de développement.

Aujourd’hui on constate une certaine méfiance de la classe politique sur certains actes posés par le CNRD notamment la lutte contre les crimes économiques qui sont interprétés comme visant à retarder le processus électoral. Qu’en pensez-vous?

Écoutez ! C’est le plan B. Quand vous vous attaquez aux intérêts établis de décennie en décennie qui sont cristallisés sous forme de pratique, même de valeur sociale, dont la corruption, l’enrichissement illicite, il faut s’attendre à cela. Nous sommes une société où vous n’avez pas un certain niveau de vie, vous n’avez pas un certain nombre de richesse, vous n’êtes pas considéré. C’est une société à l’envers, où c’est ceux qui volent plus, ceux qui s’enrichissent plus, qui ont la possibilité de dicter leurs points de vue à la majorité de la population, d’ailleurs dont la pauvreté n’est pas anodine, sont les plus bénis. Les populations sont entretenues dans l’ignorance et la pauvreté, par le fait de l’élite politique, qui ne veut pas que les gens aient les moyens nécessaires, les moyens minimums qui leur permettent de demander des comptes. Il ne veut pas que les gens aient l’intelligence et le discernement nécessaire pour pouvoir demander des comptes. Donc le Peuple guinéen était dans une obscurité totale, dans la pauvreté et l’analphabétisme. C’est important que les actions du CNRD soient mal interpré tées. Il faut qu’il soit combattu. D’ailleurs vous êtes d’accord avec moi que l’enrichissement illicite et la corruption sont des facteurs qui ont entretenu notre pays dans la misère. Parce que nous sommes riches et nous vivons dans une pauvreté inacceptable. Il faut savoir où ça coince. Et ça coince parce que l’élite politique, les dirigeants de ce pays ne respectent pas le bien public. Oui! Ils confondent le bien public au bien privé. Alors tant qu’il n’y a pas de mesures judiciaires rigoureuses pour que les biens de l’Etat soient respectés à la fois par ses citoyens et par ceux qui dirigent le pays, notre pays ne se développera jamais. Donc la lutte contre la corruption est une demande sociale, est une demande de toute la population guinéenne. Je crois que le CNRD ne doit pas du tout regarder les petits grincements de dents. Il doit foncer tout droit dans la légitimité naturelle, pour que soit restitué au Peuple de Guinée ce qui l’appartient. Parce que chaque peuple doit disposer de ces ressources. Donc je crois que la lutte contre la corruption n’est pas sans conséquence. Dans tous les pays du monde où il y a eu une croisade contre la corruption et les biens mal acquis, cela a provoqué des remous politiques. Mais quand vous savez que vous agissez dans l’intérêt de votre population, vous ne vous reprocher de rien. Votre message Monsieur le Président à l’endroit du Peuple de Guinée Premièrement, c’est une très bonne opportunité pour moi de m’adresser au Peuple de Guinée.

D’abord ces Guinéens qui ont perdu de l’espoir par le fait d’une mauvaise gestion de la chose publique qui a plongé notre pays dans une mendicité totale. Nous sommes un pays qui a tout mais qui n’a rien. La deuxième chose, nous sommes un pays où nous ne nous entendons pas sur le maximum. Nous sommes un pays divisé où les ethnies, les communautés sont devenues les seuls critères d’appréciation politique. Donc je pense que la meilleure façon de restituer à notre pays sa dignité et sa respectabilité dans le concert des nations c’est d’accepter de se donner les mains pour que cette transition puisse réaliser ses défis. C’est ce qu’expriment les cing (5) valeurs du CNRD. Notamment, la rectification institutionnelle, la refondation, le repositionnement etc. Qui sont pour moi les valeurs qui sont essentielles aujourd’hui pour que notre pays puisse renouer avec des institutions solides. Certes ce ne sont pas les institutions qu’on mange, mais si les institutions sont solides l’économie nationale sera redistribuée avec équité, avec impartialité et chacun y trouvera son compte. Les institutions fortes sous-entendent que ceux qui prennent les décisions tiennent compte de la volonté de nos concitoyens. Les institutions fortes veulent dire aussi qu’il y a une véritable séparation des pouvoirs et que chaque pouvoir exerce ses prérogatives de contrôle sur l’autre. Même si nous ne parvenons qu’à mettre en place une constitution et des institutions solides, qui résistent au temps pendant cette transition, je pense que notre passage aura servi à quelque chose. Mais ceci ne peut pas se faire si nous nous regardons avec un regard de soupçon. Et puis n’oublions pas que le CNRD est venu libérer ce pays le 5 Septembre, au moment où nous nous attendions au pire de jour en jour. Ce n’est pas bon d’avoir une amnésie puisque les fondamentaux ne sont pas posés. Je crois que tous ces hommes politiques doivent accepter de se retrousser les manches s’ils sont pour l’intérêt de ce pays, pour s’associer à cette transition. Je crois qu’ils sont de nature à renforcer la cohésion et l’unité nationale. Tous ces travaux ne peuvent pas se faire sans la justice. C’est pourquoi dire que la justice est la boussole, oui ! Mais cette boussole doit être entretenue par tous ceux qui sont épris de paix et de justice, pour que chacun puisse apporter sa contribution afin que notre pays soit tiré vers le haut. Et cela doit prendre fin par les élections. Je rassure nos compatriotes que nous allons agir dans les limites strictes de la neutralité et de l’impartialité. Nous allons faire de telle sorte que ces élections qui seront issues de ce processus transitoire soient des élections libres et crédibles pour que les institutions qui seront issues d’elles soient solides et qui résistent au temps et à la tentation des hommes. Enfin, je demande à tous nos concitoyens de se serrer les coudes pour ne pas céder à la division et à la diversion. On doit se donner les mains pour relever le défi pour que cette transition soit la dernière dans l’histoire de notre pays

Magazine présidence DCI

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