La Côte d’Ivoire demande au Mali de libérer «sans délai» ses militaires

Les autorités ivoiriennes ont demandé ce mardi 12 juillet au Mali de libérer « sans délai, les militaires ivoiriens injustement arrêtés ». Bamako accuse les 49 soldats d’être des « mercenaires » venus déstabiliser la transition. Abidjan dément fermement.

Dans son communiqué, le Conseil de sécurité ivoirien dément point par point les accusations faites par les autorités maliennes au sujet des 49 militaires arrêtés dimanches 10 juillet à l’aéroport de Bamako. Il affirme que tout est en ordre pour l’arrivée du contingent.

D’abord, Abidjan confirme que ces hommes se trouvent au Mali dans le cadre des opérations de la Minusma, la mission de maintien de la paix des Nations unies. Ils apportent leur soutien au contingent d’un pays contributeur – en l’occurrence l’Allemagne – pour les opérations des éléments nationaux de soutien. Tout cela dans un système de sous-traitance complexe : le contingent allemand utilise les infrastructures d’une société privée, Sahel Aviation Service (SAS), qui elle-même loue les services des soldats ivoiriens pour la sécurité de ses entrepôts.

Ainsi, sept contingents ivoiriens se sont succédé à l’aéroport de Bamako depuis la signature en juillet 2019 d’« une convention » avec les Nations unies, rappelle le communiqué. Celui-ci aurait été le huitième.

D’autre part, le Conseil de sécurité ivoirien confirme que l’ordre de mission du contingent a été transmis aux autorités aéroportuaires maliennes. « Le ministère des Affaires étrangères et le chef d’état-major malien en ont reçu copie », affirme-t-il. Enfin, Abidjan assure que ses hommes n’étaient pas armés à leur arrivée, car « les armes se trouvaient dans un autre avion ».

Malgré cet incident, les autorités ivoiriennes assurent qu’elles « continueront d’œuvrer pour le maintien d’un climat de paix entre la Côte d’Ivoire et le Mali » et appellent également les populations à la retenue.

Les relations semblaient se réchauffer entre Bamako et Abidjan.

Avant la réunion du Conseil de sécurité, le silence de l’État ivoirien commençait à interpeler, 48 heures après l’arrestation. et 24 heures après l’intervention télévisée du colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole de la junte malienne. Il y expliquait alors que les soldats avaient dissimulé leur profession, qu’ils étaient entrés sur le territoire sans ordre de mission et les désignait comme « des mercenaires », dont le dessin funeste était de briser la dynamique de refondation et de sécurisation du Mali, rapporte notre correspondant à Abidjan, Youenn Gourlay.

Le contexte de cette affaire peut surprendre puisqu’elle intervient au moment où les relations semblaient se réchauffer entre les deux pays, une semaine après la décision de la Cédéao de lever les sanctions économiques infligées en janvier au Mali. Cela car le pays a été le théâtre de deux coups d’État en août 2020 et mai 2021.

Selon l’analyste politique ivoirien Sylvain N’Guessan, à la tête de l’Institut de stratégies d’Abidjan, l’escalade malienne serait d’abord liée à la position ferme d’Abidjan sur les sanctions prises contre la junte au pouvoir à Bamako.

RFI.FR

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