Transition en Guinée: quand la loi des contraires fait droit de cité( opinion)

Depuis l’arrivée au pouvoir du conseil national du Rassemblement pour le développement( CNRD), la classe politique fait profile bas et se présente comme un partenaire privilégié de la junte pour conférer un succès à la transition. Une attitude motivée selon les acteurs politiques, par la volonté affichée du Président de la Transition le colonel Mamadi Doumbouya à restituer le pouvoir aux civils. La question est de savoir quand cela pourra-t-il intervenir? Difficile de répondre pour le moment.

En attendant d’y voir clair, il y a un signal fort voire même un grand acquis: c’est la non candidature du colonel Président et l’ensemble des membres du gouvernement et des institutions de la transition aux prochaines consultations électorales. Pour rappel, la seule question de la candidature ou non du capitaine Dadis Camara sous l’ère CNDD avait conduit aux malheureux évènements du 28 septembre 2009.

Le simple fait pour le colonel Mamady Doumbouya de clarifier cette question est perçu comme un gage de bonne volonté. Cependant, le renvoi au CNT pour la définition de la durée de cette transition suscite quelques inquiétudes au sein de la classe politique.

Déjà, des langues se délient dans la cité. Certains acteurs estiment que le CNRD traine les pas sur la mise en place du conseil national de la transition CNT. Selon la charte, c’est cet organe qui va déterminer la durée de la transition. Sur 81 places, seulement 15 ont été réservées à l’ensemble de la classe politique sans aucun critère de désignation.

La désignation des représentants politiques de cet organe législatif transitoire, a fait grabuge. Le landernau politique étant marqué par de fortes dissentions, cela  se présente comme une brèche dans laquelle, le CNRD pourrait s’engouffrer.

Il suffit de parcourir le discours à la nation du Président de la transition à  l’occasion  du nouvel  an pour y voir un peu plus clair: »… l’abondance de candidatures a retardé la mise en route, que j’aurais souhaitée plus rapide… » dira le colonel Président faisant allusion à la mise en place du CNT. Il  demandera en substance  » un peu de temps » pour poser les jalons de la refondation de l’Etat. Dans la foulée, il annonce l’organisation durant le premier trimestre de l’année 2022, « des assises nationales dénommées « journées de vérité et pardon ». Une idée certes, salutaire mais qui parait comme une « charge supplémentaire qui pourrait rallonger le processus transitoire ».

Malgré la volonté affichée de l’actuel homme fort du pays, la classe politique reste sur ses gardes. Elle tente de se réorganiser pour pouvoir peser dans la balance. C’est dans cette optique qu’a vu le jour, le collectif des partis politiques ( CPP). Officiellement, il est question pour la classe politique d’harmoniser les positions en vue de faire des propositions concrètes au autorités actuelles pour la réussite de la transition. Mais à bien des égards, l’on est en droit de croire que c’est plutôt une régénérescence des forces vives de la nation. Une sorte de puissant conglomérat  » aux épaules suffisamment lourdes » pour faire face au redoutable CNRD. Puisque les enjeux sont grands et le colonel Doumbouya tient encore la direction.

Les principaux leaders politiques notamment: Cellou Dalein DIALLO, Sidya Touré ou encore Lansana Kouyaté ont bien de raison de manager le tombeur d’Alpha CONDE.

D’abord la durée de la transition où l’on craint le syndrome malien, la nouvelle constitution avec à la clé, la question de la limitation de l’âge qui pourrait être soulevée. Un gros risque pour les prochains compétiteurs sérieux au fauteuil présidentiel. Autant de velléités qui les  obligent à l’union.

Mais, attention le CNRD a besoin de tranquillité dans la cité pour mener sereinement la transition. Une raison de plus de renforcer le partenariat avec la classe politique qui a une grande capacité de nuisance à travers ses manifestations.

Les acteurs politiques ont aussi tout intérêt à continuer à « manager » la junte. Puisque le pouvoir en place pourrait « appuyer » là où ça fait mal. La configuration actuelle est une union où chaque associé bénéficie de la présence de l’autre.

Rappelons tout de même que dans ses premières déclarations de prise du pouvoir, le colonel Président n’a cessé de marteler qu’il ira à « son rythme ». Pour le moment, les deux camps( CNRD-classe politique) fournissent assez d’efforts pour éviter le clash. Surtout que le dénominateur commun des deux, c’est bien la réussite de la transition.

Veritesdusud.com

 

 

 

 

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