Session ordinaire de la CEDEAO : un nouveau sursis pour la junte qui s’en sort plutôt bien (Édito de Mognouma)

Hier, dimanche 12 décembre, les Guinéens avaient de nouveau les yeux rivés sur Abuja, la capitale nigériane. Car, Il se tenait dans ce pays, une session ordinaire des chefs d’état et de gouvernement de la CEDEAO, consacrée entre autres aux transitions en cours au Mali et en Guinée.

Écartelée entre un optimisme prudent et le sentiment d’insatisfaction, l’opinion nationale, cette opinion qui refuse de se prélasser, de se laisser aller à l’euphorie, et qui voit objectivement la transition, non pas comme l’occasion d’apporter les solutions à tous les problèmes mais un énième échec à éviter, était fondée d’attendre mieux de la rencontre d’Abuja.

Les promesses lénifiantes des émissaires qui ont fait bout de table à cette rencontre ont fini par convaincre les Présidents.

On annonce la mise en place du CNT au plus tard, d’ici la fin de l’année. Et dans la foulée, peut-on lire dans le communiqué final, l’élaboration par cet organe , d’un chronogramme de la transition.

Mieux, les chefs d’État ont semblé se réjouir de l’assouplissement des conditions de détention d’Alpha Condé, leur ancien collègue déchu du pouvoir mais toujours maintenu en résidence surveillée et privé de visites et des moyens de communication.

C’est ainsi dire aux partisans de celui-ci, qui réclament au prix de leur vie, comme d’autres, dans un passé récent, qui ont aussi risqué leur vie en défendant leur conviction pendant que le prisonnier de luxe dont on demande aujourd’hui la libération exerçait encore un pouvoir absolu et sans partages, donc à ces militants intrépides, qu’ils ne peuvent plus compter sur le soutien de la communauté internationale. C’est alors une Chappe d’incertitudes qui plane désormais sur le combat de ces militants lâchés par leurs dirigeants qui se sont d’ailleurs résignés. Toujours difficile pour eux, d’y espérer, quand ils sont répugnés par une opinion déjà hostile à l’ancien système , et dont le nombre grossi en grignotant, notamment dans leurs fiefs à la suite de la décision de rétrocession des cases de Bellevue aux héritiers de l’ancien Président Sékou Touré.

Pour revenir à cette réunion d’Abuja, il y a bien une unanimité sur le fait que le CNRD s’en sort plutôt bien. En lieu et place de nouvelles sanctions pourtant redoutées, c’est un sursis.

A peine une reconduction tacite des sanctions déjà prononcées. Même pas un coup de boutoir pour amener les acteurs à hâter le pas sur un calendrier qui reste chimérique.

Des acteurs politiques qui se lamentent pour leur mise à l’écart dans la conduite de la transition, et qui s’inquiètent par conséquent du manque de lisibilité de la transition, en discours officiel, dissimulent ce supplice pour afficher leur soutien aux autorités de la transition. Un exercice qui obéit surement à une stratégie de conquête du pouvoir, dont tout le monde, même ceux qui n’existent que par la force des médias traditionnels et nouveaux, appelés réseaux sociaux, rêve d’un destin présidentiel.

Tant mieux pour les autorités de la transition, qui devraient en profiter pour dérouler leur agenda à leur guise.

Mognouma

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