Trois semaines après son retour en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, rencontrera ce samedi 10 juillet Henri Konan Bédié, dans sa résidence de Daoukro. Les deux leaders de l’opposition ivoirienne et anciens présidents de la République entendent donner un nouvel élan au processus de réconciliation nationale, alors que leurs partis respectifs se sont combattus pendant la crise de 2010-2011. Mais plus qu’une simple rencontre de sympathie, cette visite, pourrait poser les bases d’une alliance consolidée entre le FPI et le PDCI, en vue des prochaines élections locales, en 2023, et de la présidentielle de 2025.
Les deux Éléphants de la politique ivoirienne s’étaient rencontrés à Bruxelles, en juillet 2019, peu de temps après l’acquittement de Laurent Gbagbo. Mais à l’époque, le président du FPI était en liberté conditionnelle, et n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement sur des sujets de politiques nationales. Dans ces conditions, la rencontre avait eu lieu dans une relative discrétion, rapporte notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji.
Cette fois, c’est en terre ivoirienne, dans la région natale d’Henri Konan Bédié, sous les objectifs des photographes et des caméras, que les deux hommes, autrefois adversaires, vont se rencontrer dans le but affiché de faire avancer le processus de réconciliation nationale. Une visite de deux jours, à Daoukro d’abord, où Laurent Gbagbo sera reçu par son hôte lors d’une cérémonie traditionnelle d’« échanges de nouvelles », donnée en l’honneur de l’ancien détenu de La Haye. Puis à Bédiékro, le lendemain. C’est ainsi qu’a été renommé l’ancien campement d’Henri Konan Bédié, un village situé à 25 km de Daoukro. Au milieu des champs d’hévéa, les édiles du FPI et du PDCI vont s’adonner à une séance de travail, afin de consolider l’accord de collaboration qui lie les deux partis.
Une alliance probable
Car si les deux hommes se retrouvent avec emphase sous la bannière de la réconciliation nationale, il est avant tout question de politique et d’une alliance probable en vue de contrer l’hégémonie du parti présidentiel, le RHDP, emmené par Alassane Ouattarra. « C’est une manière pour l’opposition de marcher en rang uni », commente l’analyste Sylvain N’Guessan, « et de peser un peu plus pour avoir un mot à dire sur la gouvernance d’Alassane Ouattara », ajoute-t-il.
Les deux partis, pourtant idéologiquement opposés, entendent à terme faire tomber le président actuel, dans un jeu d’alliance désormais traditionnel de la vie politique ivoirienne. « Il n’y a pas de rapprochement contre-nature », insiste-t-on au PDCI, comme au FPI.
Un rapprochement commencé il y a deux ans
Pour les fidèles de Laurent Gbagbo, cette rencontre sera l’occasion de « retrouvailles fraternelles entre les deux leaders » et une nouvelle étape du « projet commun de réconciliation nationale » entre le FPI et le PDCI. Mais pour Fahiraman Rodrigue Koné, de l’Institut des études de sécurité (ISS), « la réconciliation est une rhétorique convenue, l’objet est bien de constituer un front anti-Ouattara ».
Le rapprochement a débuté il y a déjà deux ans, quand le 29 juillet 2019, Henri Konan Bedié a rendu visite à Laurent Gbagbo à Bruxelles. Fâché avec Alassane Ouattara, refusant de voir son parti phagocyté par le nouveau RHDP, le successeur de Félix Houphouët-Boigny se tourne vers son ancien ennemi.
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Le 30 avril 2020, un « accord cadre de collaboration » est conclu entre les deux formations, puis Henri Konan Bédié, comme les autres opposants, boycotte la présidentielle du 31 octobre pour dénoncer le troisième mandat présidentiel. Dans la foulée, le PDCI et la plateforme électorale du FPI-pro Gbagbo, EDS, nouent une alliance en vue des législatives de mars dernier. Une alliance qui a permis d’envoyer plus de 80 députés à l’Assemblée. Une formule qui pourrait ainsi être renouvelée lors des élections locales de 2023.
Rfi
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