Présidentielle en Côte d’Ivoire : Henry Konan Bédié et Affi N’Guessan appellent à un « boycott actif « 

En Côte d’Ivoire, la campagne électorale en vue de la présidentielle du 31 octobre a débuté, jeudi, dans un contexte tendu. L’opposition fustige la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, rendue possible par l’approbation du Conseil constitutionnel. Une situation dénoncée par les opposants qui appellent au « boycott actif » .

De nombreux observateurs redoutent une crise pré-électorale ou post-électorale, dix ans après celle de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts et plongé le pays dans le chaos.

Quatre candidats seulement sont en lice. Alassane Ouattara, 78 ans, l’ancien président Henri Konan Bédié, 86 ans, ainsi que deux outsiders, Pascal Affi N’Guessan [ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo] et l’ancien député Kouadio Konan Bertin.

Quarante candidatures refusées

Le Conseil constitutionnel ivoirien a en effet rejeté 40 des 44 candidatures, dont celles de deux figures de la politique ivoirienne, l’ancien président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle en Belgique après son acquittement en première instance par la Cour pénale internationale, et Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion des années 2000 et ex-Premier ministre, qui vit en France pour échapper aux poursuites judiciaires lancées contre lui en Côte d’Ivoire.

L’opposition crie à la « forfaiture » contre la candidature d’Alassane Ouattara.

Élu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d’avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La loi ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle constitution de 2016, le compteur des mandats d’Alassane Ouattara a été remis à zéro, ce que conteste farouchement l’opposition.

Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de sa candidature et des échauffourées ont eu lieu dans plusieurs localités, après l’annonce du Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus pour le scrutin.

L’opposition, qui accuse de partialité la Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel, laisse planer le doute sur un boycott depuis des semaines.

Un appel au « boycott actif »

Les deux principaux candidats de l’opposition ont en tout cas appelé, jeudi, leurs militants au « boycott actif » du « processus électoral », lors d’une conférence de presse de l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et de l’ancien président Henri Konan Bédié.

« Le processus électoral en cours ne nous concerne nullement (…) Nous invitons nos militants (…) à mettre en application le mot d’ordre de boycott actif par tous les moyens légaux », a déclaré Pascal Affi N’Guessan, sans toutefois annoncer son retrait de l’élection, ni celui de Henri Konan Bédié, et appelant le pouvoir « à convoquer l’ensemble des forces politiques » pour « trouver des solutions acceptables ».

« Cette élection ne sera pas crédible », estime quant à lui l’ancien ministre des Affaires étrangères Marcel Amon Tanoh, ancien fidèle d’Alassane Ouattara.

La participation des quelque 7,5 millions d’électeurs de ce pays de 25 millions d’habitants, premier producteur mondial de cacao, sera une des clés de l’élection. De nombreux observateurs craignent une forte abstention dans un pays où l’âge médian est de 18,7 ans alors que les deux principaux candidats dominent la scène politique depuis trente ans.

Avec France24.com et AFP

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