L’ex-chef de guerre Prince Johnson, un acteur majeur du conflit qui a ravagé le Liberia entre 1989 et 2003, est mort soudainement jeudi près de Monrovia à l’âge de 72 ans, ont indiqué à l’AFP un responsable de son parti et un autre du Sénat.
Prince Johnson, qu’une vidéo montrait en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990, était toujours un sénateur influent dans son pays, et n’a jamais exprimé de regret sur son passé.
“Nous l’avons perdu ce matin. Il est décédé (à l’hôpital) Hope for Women”, dans la banlieue de Monrovia, a déclaré à l’AFP Wilfried Bangura, l’un des cadres de son parti.
“La mort du sénateur Johnson est très regrettable et inattendue. Ce matin, le vice-président (du Liberia Jeremiah Koung, l’un de ses proches, ndlr) s’est rendu à l’hôpital, à Hope for Women, et lui et d’autres sénateurs doivent se rendre au domicile du sénateur pour rencontrer la famille”, a confirmé Siaffa Jallah, responsable du service de presse du Sénat.
Les causes exactes de sa mort n’ont pas été précisées dans l’immédiat.
La mort du président Doe fut l’un des premiers épisodes sanglants qui allaient faire basculer le Liberia dans des guerres civiles qui, jusqu’en 2003, ont fait quelque 250.000 morts et ravagé son économie.
Après ce conflit, Prince Johnson était devenu sénateur de sa région d’origine de Nimba (nord), était devenu prédicateur dans une église évangélique et était suivi par de nombreux fidèles, conservant une forte popularité.
Il était aussi l’un des principaux opposants à la création d’un tribunal qui jugerait les crimes de la guerre civile, jouant sur le danger de rouvrir de vieilles blessures et déclarant qu’établir une telle cour, c’était “chercher des ennuis pour le pays”.
Influent et sans regrets
M. Johnson a été l’un des principaux chefs de milice durant la guerre civile. D’abord allié à Charles Taylor, futur président du Liberia condamné pour crime contre l’humanité, il avait ensuite rompu avec lui puis avait été contraint à l’exil au Nigeria où il resta 12 ans.
Ce père de 12 enfants, rentré au Liberia en 2004, prêchait la paix et la réconciliation. Il n’a jamais exprimé de regret sur son passé guerrier, qu’il semblait cependant vouloir oublier.
“Je ne peux pas être poursuivi, je n’ai rien fait de criminel. (…) Je me suis battu pour la défense de mon pays, de mon peuple qui était mené à l’abattoir, comme on le fait pour des poulets et des chèvres, par le régime Doe”, déclarait-il en 2011, alors qu’il était candidat à une présidentielle qu’il terminera troisième avec 11,4% des voix.
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