L’été joue les prolongations, le sujet est fédérateur. Il concerne un proche du garde des sceaux. Pas n’importe qui !
C’est bien celui qui a fait défection avec les siens, quand l’association des magistrats a défié le ministre Charles Wright, le mentor du mis en cause dans une affaire de rixe au tribunal de première instance de Coyah.
Il s’agit de Almamy Camara, substitut du procureur. L’incident est sans précédent. Il est aussi inédit. Pire, il déchaine les passions. Difficile à cet effet de contenir sa colère et de cadenasser son indignation surtout quand les faits sont amplifiés.
Selon ce qui a été raconté, le procureur près le tribunal de Coyah a boxé un avocat dans le prétoire, pendant les plaidoiries, jusqu’à mettre celui-ci dans le sang.
Tel qu’entendu, c’était la bavure de trop à laquelle il fallait réagir à la hauteur de sa gravité. Mais en réalité, après recoupement, les faits ont été pompeusement présentés. Les témoins de toute la scène, rapportent que l’avocat aurait débordé d’agression verbale, du prétoire jusque dans le bureau du juge audiencier qui aurait tenté en vain de le calmer.
Selon toujours les faits racontés par les mêmes témoins contactés par des journalistes, c’est au sortir de chez le juge audiencier, que la bagarre a éclaté, quand l’avocat a persisté dans sa violence verbale. Et comme si cela n’a pas suffi, qu’il aurait aussi bousculé le procureur qui est sorti de son gong pour réagir à la provocation de trop. Ainsi ont été décrits les faits sans exagération, aucune. Dans tous les cas, c’est une situation regrettable.
Cependant, la décision du barreau de bouder les audiences pendant deux semaines en guise de protestation contre, dit-il, l’agression d’un avocat, alors qu’il avait précédemment annoncé dans un communiqué avoir trouvé une solution à l’amiable, cette décision, y insiste-t-on, suscite des interrogations.
Cette décision est jugée incohérente eu égard à la démarche entreprise. On a l’impression qu’on veut saisir de l’opportunité pour administrer une nouvelle gifle au Garde des sceaux, qui en a suffisamment pris dans ses bras de fer récurrents avec ses anciens collègues de l’association des magistrats. Le dernier cas est celui relatif à la suspension de deux magistrats officiant au TPI de Labé, dans l’affaire dite ‘’Dame Asmaou Diallo’’.
Pour rappel, dans ce dossier débordant de sensation et de passion, empreint d’une trop grande stupidité dégradant de l’image de la justice guinéenne, le ministre Charles Wright a pris un gros bide. Il a fini par se raviser sous contrainte. Cette fois, il n’a pas envie de rééditer l’aventure périlleuse avec les hommes en robe noire.
Face aux avocats qui veulent surfer sur la peccadille pour enflammer le brasier, se trouve un ministre de la justice qui a fait sa mue. Complètement métamorphosé, assagi diront d’autres, avec la conscience qu’il faut refuser de se battre contre tout le monde.
«Je comprends les avocats, tous les problèmes trouvent la solution par le dialogue, autour de la table. Je vais diligenter les enquêtes, et si je trouve que le procureur n’a pas raison, je prendrai les sanctions contre lui, puis l’envoyer devant le conseil de discipline», a étrangement dit en substance le Garde des sceaux, qui n’a pas l’habitude de ce type de langage et qui est d’ordinaire prêt au combat et à l’affrontement.
Ce qui est sûr, on ne peut pas atteindre Charles qui a fini par comprendre. C’est plutôt le procureur qui est au bord du précipice, et qui devrait forcément payer pour son soutien à un ministre détesté et méprisé, donc combattu.
In Djoma
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