Un sommet UE-Afrique pour redéfinir la relation entre les deux continents

Un sommet de première importance entre l’Union européenne et l’Union africaine s’ouvre ce jeudi 17 février à Bruxelles. Un sommet où la relation entre les deux continents sera au cœur des discussions.

C’est le sixième rendez-vous du genre. L’Union européenne et l’Union africaine se réunissent ces jeudi et vendredi et en sommet à Bruxelles. Pas moins de 80 chefs d’État et de gouvernement sont annoncés, dont la moitié en provenance du continent.

Le format de ce rendez-vous a été revu. Finie la traditionnelle session plénière où chaque chef d’État n’avait que quelques minutes pour s’exprimer. Les organisateurs européens et français ont innové en mettant sur pied des tables-rondes auxquelles participeront à chaque fois une vingtaine de chefs d’État ainsi que des personnalités extérieures, en provenance par exemple du FMI ou de la Banque mondiale. Il y aura ainsi sept tables-rondes réparties par thématiques : financement de la croissance, sécurité et gouvernance, mais aussi migrations, santé, transition énergétique, éducation et intégration économique. Ces table-rondes seront à chaque fois présidées par deux dirigeants qui rendront ensuite compte de leurs travaux devant leurs pairs.

L’objectif est ainsi de fluidifier les débats et de permettre des discussions plus directes et plus franches. Car si les points de convergences sont régulièrement mis en avant, les sujets de friction entre les deux continents ne manquent pas, que ce soit sur les questions de migration, de climat, de sécurité ou encore de gouvernance. Face à une Europe suspectée de dicter ses choix, l’Afrique parviendra-t-elle alors à faire entendre sa voix ? Au-delà des engagements sonnants et trébuchants, l’un des objectifs de ce sixième sommet sera bien de relancer une relation mise à rude épreuve par la crise du Covid-19.

L’Europe devra aussi prendre en compte les préoccupations africaines

Aussi « le scepticisme des Africains face à la nervosité des Européens » est-il l’état d’esprit régnant à la veille de ce sommet, estime le spécialiste des relations Europe-Afrique Geert Laporte. L’Europe veut redéfinir le partenariat entre les deux continents à travers ce qu’elle avait présenté en mars 2020 comme « sa stratégie avec l’Afrique ». Mais en deux ans, l’enthousiasme est retombé, laissant apparaître un partenariat qualifié bien souvent d’« asymétrique ».

Pour preuve, la crise du Covid avec un mécanisme de solidarité qui s’est enrayé, notamment sur les vaccins, et l’arrivée du variant Omicron qui a provoqué des tensions diplomatiques. « Les Sud-Africains ont été transparents, explique un chercheur, mais les Européens ont répondu par la fermeture des frontières. » Ce qui a mis en colère le président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

Dans un contexte international plus incertain, l’Europe a besoin de partenaires et donc de fidéliser sa relation avec un continent dont elle est proche, à l’heure où celui-ci est convoité par d’autres puissances. Plus que des promesses de financements, l’Europe devra aussi prendre en compte les préoccupations africaines. Pour Maximilienne Ngo Mbe, militante camerounaise des droits de l’Homme et directrice du Réseau des défenseurs des droits de l’homme de l’Afrique centrale (REDDHAC), les partenariats doivent être techniques et pas seulement financiers :

« Nous devons demander de plus en plus à l’Union européenne un accompagnement technique. Parce qu’il faut le dire clairement, il y a des faiblesses sur des questions techniques, sur le développement, sur la bonne gouvernance, sur les droits de l’homme. Et qu’on évite de nous dire que l’Union européenne va mettre 178 millions d’euros pour le Cameroun seulement. C’est énorme ! Nous voulons simplement un partenariat gagnant-gagnant : nous avons aussi des choses à donner à l’Union européenne. L’Union africaine ne peut pas devenir cette chambre qui reçoit de l’argent et qui après ne sait même plus dire : « ce n’est pas ça qu’il nous faut ». »

Mais, dans le même temps, « l’Europe veut faire de l’Afrique son partenaire préféré, mais est-ce qu’elle est prête à des concessions ? », s’interroge le chercheur Geert Laporte. Pour ce dernier, il faudra particulièrement suivre les discussions autour de la question migratoire pour avoir des premiers éléments de réponses.

RFI

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