Fatigue physique, fatigue mentale : quelles différences ?

Une surexposition constante aux stimulis, sans accorder de repos à son cerveau conduit à une fatigue mentale. Quels sont les signes ? Comment prévenir cette fatigue mentale ? Quelles sont ses répercussions ? Les réponses de nos experts.

Qu’est-ce que la fatigue ?

La fatigue peut se définir ainsi. Il s’agit « d’une usure des capacités d’adaptation de chaque personne », estime Isabelle Méténier, psychologue et auteure de Et si c’était la fatigue mentale (éd. Robert Laffont). Effectivement, on passe notre temps à s’adapter à tout : au chaud, au froid, aux personnes qui nous entourent, aux nouvelles technologies

La fatigue mentale .

« C’est une usure des capacités d’adaptation due à une surexposition trop longue à des stimulis divers, à une pression constante. Le cerveau, stimulé en permanence, sans possibilité de se reposer, ne peut plus se mobiliser, d’où l’apparition d’une fatigue psychologique », explique la psychologue. C’est ce que le grand public appelle couramment fatigue nerveuse, fatigue intellectuelle aussi.

La fatigue physique

Elle se caractérise par une sensation d’épuisement qui survient après la pratique d’une activité physique, mais qui peut être agréable (bonne fatigue). Elle peut exister comme signe d’un problème de santé, d’un surcroît de travail, d’une mauvaise alimentation… C’est l’un des motifs les plus fréquents de consultation en médecine générale.

La fatigue hédonique

Au fil des années, « la société d’aujourd’hui est tournée sur toujours plus de plaisir à court terme, ce qui fait passer à côté de choses primordiales », avertit la psychologue. Il y a également une forte pression sociale sur l’aspect matériel : « On nous fait croire que le bonheur c’est d’acheter des choses, on en oublie alors l’importance du retour au naturel, complète la praticienne. La fatigue hédonique étant dans le toujours plus, on n’est jamais satisfait et on travaille toujours plus pour obtenir toujours plus. On peut culpabiliser de ne pas y arriver et oublier le sens de toute cette course. »

La fatigue des hypersensibles

La société actuelle est loin de valoriser l’hypersensibilité, notamment en entreprise. Or, les personnes hypersensibles sont plus sujettes que les autres à la fatigue mentale, car elles doivent s’adapter encore plus car elles prennent tout de plein fouet, ce qui leur consomme énormément d’énergie mentale pour faire le tri, s’apaiser, ce qui les fatigue mentalement, prévient la psychologue.

Des secrets ou traumatismes d’enfance

La fatigue morale peut remonter loin : jusqu’à l’enfance ! « On a pu avoir des traumatismes, des secrets dont on ne parle pas, dit Isabelle Méténier. Garder tout cela pour soi réclame une dépense d’énergie et encombre le cerveau. »

 Les stress du quotidien

Ils sont nombreux ! Une situation nouvelle sur le plan professionnel comme devoir faire une prestation en public, un imprévu sont également des sources potentielles de fatigue psychologique.

On a alors tendance à intellectualiser ses émotions, tout ce qui arrive. En minimisant l’importance des émotions, du fonctionnement de son corps, on rajoute à la fatigue mentale. »

 Les nouvelles technologies

Sur Internet, le fait de de devoir créer des mots de passe, des comptes différents, de vérifier toutes les données prend beaucoup d’énergie. Tout comme les problèmes que l’on peut rencontrer avec sa box, les difficultés de connexion, etc.

La solastalgie et l’éco-anxiété

Le réchauffement climatique, la charge, pour les femmes, de s’occuper de l’éducation écologique des enfants sont des questions de plus en plus présentes pour lesquelles on n’a aucune maîtrise. « Ces sujets inquiètent de plus en plus de personnes qui ne savent pas quel sera l’avenir de la Terre. Cette situation déclenche une suractivation du mental, génère un stress, une fatigue mentale », précise la psychologue. Les trentenaires sont particulièrement touchés par ce problème.

Quelles sont les conséquences de la fatigue mentale sur l’organisme ?

Si l’on fait ‘l’autruche’, que l’on ne prend pas le temps de s’arrêter, de revenir à des choses plus simples, la fatigue mentale ne disparaîtra pas. Au contraire, elle va engendrer des répercussions importantes. « Lorsque l’esprit est bondé, étriqué, il n’y a plus de respiration mentale, explique Isabelle Méténier. Le corps s’use, il ne peut plus se régénérer, les cellules vieillissent plus vite, des tensions musculaires apparaissent, l’organisme et le cerveau ont plus de mal à évacuer les toxines. Il n’y a plus de respiration mentale, le cerveau est encombré comme le foie lorsque l’on mange mal. »

C’est comme cela que peuvent apparaître les maladies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes, les cancers, les burn-out…

Comment se débarrasser de la fatigue mentale ?

Mieux vaut ne pas attendre d’être ‘au bout du rouleau’ pour prendre soin de soi ! Il est important de faire des pauses régulières, « car le cerveau a besoin de se ressourcer et, physiologiquement, de se nettoyer. En cas d’impossibilité, il s’encrasse et bugge », alerte Isabelle Méténier.

Que faire pour se détendre ?

Il y a de multiples façons de faire des pauses. Voici quelques propositions.

• Prendre le temps de regarder sa vie : « Il est primordial de se poser la question du sens que l’on veut donner à sa vie, de réfléchir à ce qui fera qu’on l’aura réussi », conseille la psychologue. Et, il ne faut pas le faire une fois pour toutes, mais régulièrement afin de réorienter ses choix si besoin. « Pour cela, il est indispensable d’avoir une bonne connaissance de soi, de savoir ce qui nous convient », précise-t-elle.

 Intégrer le repos dans sa vie : selon ses goûts, on peut opter pour de la méditation quotidienne, des mini-retraites en silence, du yoga, de la sophrologie, des marches dans la nature pour respirer… « Ces activités permettent de reposer l’esprit », affirme Isabelle Méténier. Le footing est un bon sport en soi, mais il s’agit d’être dans l’action, ce qui ne permet pas de faire un retour sur soi.

• Tenir un journal d’émotions : Ecrire les choses que l’on ressent évite qu’on ressasse et libère l’esprit. Penser aussi à y mentionner les choses positives et développer la gratitude.

• Etre empathique avec soi-même : On se dit parfois des choses peu bienveillantes comme ‘je n’y arrive pas’, ‘je ne suis pas très brillante dans ce domaine’, ‘je pourrai faire mieux si j’y mettais un peu du mien’… Toutes ces phrases négatives sont néfastes.

In santé Magazine

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