Le corps humain est capable de s’adapter à des situations compliquées : effort physique, intellectuel, maladie… Mais au-delà d’un certain seuil, le fardeau devient trop lourd. La fatigue est un signal d’alarme qu’il faut savoir écouter. Ce n’est pas toujours facile dans un monde aussi exigeant que le nôtre où il faut en permanence être au top, améliorer ses performances et prouver ses capacités.
Des jambes en plomb, des difficultés à se lever le matin ? La fatigue peut avoir de multiples causes qu’il n’est pas toujours facile de comprendre. Si elle persiste plus de 15 jours, il vaut mieux consulter un médecin car elle peut révéler une pathologie sous-jacente.
Pourtant, nombreux sont ceux qui n’osent pas en parler. « Souvent, la fatigue est mal acceptée. Certaines personnes craignent de passer pour un tire-au-flanc. Elle n’est pas toujours bien reconnue par les patients et par les médecins », constate le Dr Grégoire Cozon, immunologiste au CHU de Lyon et auteur de Stop à la fatigue (éd. Dunod, 16,90 €).
Autre difficulté : la fatigue est difficile à évaluer, tant elle peut être ressentie différemment d’une personne à l’autre. « Nous n’avons pas encore inventé le fatigomètre », observe le Dr Cozon qui souligne que chaque individu à son propre « seuil de fatigue » à ne pas dépasser.
Si vous avez l’impression de ne plus être capable d’accomplir les tâches habituelles, avec la même rapidité et la même efficacité qu’auparavant, il est temps de se poser les bonnes questions.
Fatigue physique : faites le test de l’escalier
La fatigue physique est plus forte en fin de journée. Typiquement, on en a « plein les bottes ». Cette lassitude peut être la conséquence d’un effort physique intense et se manifester par des courbatures ou des crampes. Mais elle peut aussi résulter d’une infection virale (Covid, mononucléose infectieuse, grippe…), d’une maladie inflammatoire, cardiaque ou pulmonaire ou encore d’un déséquilibre endocrinien (hypo ou hyperthyroïdie, par exemple). Dans tous les cas, c’est le traitement de la maladie qui va permettre de surmonter cette fatigue.
Chez les femmes qui ont des règles abondantes et les personnes qui souffrent de microsaignements digestifs, la perte de sang peut entraîner à la longue une carence en fer, dont le principal symptôme est la fatigue. Cette anémie se soigne par la prise de comprimés de fer, de préférence sous contrôle médical.
Comment savoir si vous avez dépassé vos capacités physiques ?
Le test de l’escalier peut aider à se faire une idée. Un adulte en bonne santé devrait récupérer dans les cinq minutes après avoir monté six étages à pied. Mais si l’essoufflement persiste, s’il est difficile de repartir et qu’on se sent plus ou moins énervé, alors cette fatigue n’est pas normale. Manque d’entraînement ou véritable pathologie ? Seul un bilan médical peut apporter la bonne réponse.
Fatigue mentale : surmenage ou dépression ?
De manière caractéristique, la fatigue mentale se fait sentir dès le matin au réveil et persiste tout au long de la journée. Le cerveau tourne au ralenti avec, pour conséquences, des difficultés à se concentrer, à fixer son attention et à mémoriser. Cette fatigue peut aller jusqu’à l’apathie, toute motivation ayant disparu.
La plupart du temps, elle résulte d’un surmenage (par exemple chez un étudiant en période d’examen) ou d’un manque de sommeil.
Pour en sortir, il faut absolument mettre son cerveau au repos même si, très souvent, c’est plus facile à dire qu’à faire… Concrètement, il va falloir ralentir ses activités, faire des pauses et, surtout, éviter de ruminer et de culpabiliser, sous peine d’épuiser toutes ses réserves d’énergie et de tomber dans le burn out.
Avant d’en arriver là, les activités comme le yoga, le taï chi, le qi gong ou la méditation, qui focalisent l’attention sur la respiration et le mouvement, peuvent procurer un certain apaisement.
Pour récupérer d’une dette de sommeil, il suffit parfois de modifier légèrement son hygiène de vie (se coucher et se lever à la même heure, dormir dans une pièce fraîche, éviter de s’exposer à la lumière bleue des écrans le soir…) pour retrouver la forme.
Pour autant, il ne faut pas négliger des épisodes de somnolence en journée. Ces endormissements intempestifs peuvent révéler un syndrome d’apnée du sommeil. Or, en l’absence de traitement, cette maladie peut avoir de graves conséquences cardiaques. Là encore, il faut en parler à son médecin surtout en cas de ronflements et de pauses respiratoires au cours de la nuit.
La fatigue mentale peut également toucher les patients après un Covid, souvent associée à une fatigue physique intense et persistante. Les patients, même guéris, se plaignent fréquemment d’une sensation de « brouillard mental » avec des difficultés de concentration et des troubles du sommeil qui nécessitent parfois un soutien psychologique.
Enfin, si cette fatigue mentale s’accompagne d’idées noires, de tristesse et d’une incapacité à accomplir les tâches quotidiennes, il faut prendre le problème au sérieux car il peut s’agir d’une dépression. Un avis médical s’impose.
Fatigue : quand consulter ?
La plupart du temps, la fatigue n’est que passagère. Tout rentre dans l’ordre après une bonne nuit de sommeil ou quelques jours de congés. Mais « si la fatigue ne cède pas après un week-end de repos et perdure plus de 15 jours sans cause particulière, il faut consulter un médecin », estime le Dr Cozon. Seul un professionnel peut identifier la véritable cause de cet épuisement et proposer un traitement efficace.
Dans des cas plus rares, la fatigue persiste plusieurs mois. Pour le spécialiste, il faut envisager un syndrome de fatigue chronique(SFC) au-delà de six mois d’épuisement inexpliqué chez l’adulte, trois mois chez l’enfant. Cette maladie touche entre 300 000 et 600 000 personnes en France. Dans les cas les plus graves, un effort physique ou intellectuel même minime peut provoquer un véritable malaise. « Ces patients peuvent mettre plusieurs jours ou plusieurs semaines pour se remettre de ce qu’ils appellent un crash », souligne le Dr Cozon. Le diagnostic de SFC, complexe, nécessite l’avis d’un spécialiste. L’Association française du syndrome de fatigue chronique propose du soutien et des conseils pratiques aux personnes concernées. La fatigue n’est pas une fatalité !
Sante Magazine
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